- Ok, on peut essayer. On verra ce que ça donne.
2 mois s’étaient écoulés depuis ma révélation d’adultère à mon mec et je ne pensais pas prononcer cette phrase après tout ce qui s’était passé. Mais commençons par le commencement.
Pour les retardataires, mes 3 premiers articles afin de mieux comprendre celui que vous êtes en train de lire : ici, ici et ici.
Mon mec m’avait donc laissé le choix : c’était lui ou mon jeune amant algérien de 19 ans. Sur le coup, je ne sus pas trop quoi répondre. J’avais pourtant eu la journée pour me préparer mais cela n’avait pas suffi. D’un côté, j’avais ma vie de couple que je connaissais depuis maintenant presque 14 ans avec mon mec qui me connait par cœur –et que je connais par cœur- mais avec qui tout s’est étiolé depuis quelques années. De l’autre, j’avais mon ptit algérien avec qui je vivais une aventure qui me faisait me sentir vivant, une aventure dénuée de toute question organisationnelle mais cette organisation, si je choisissais cette option, allait bien devoir être à l’ordre du jour. Et puis, cela avait une grande importance à mes yeux pour le choix que j’allais faire, j’ai été élevé comme ça, je n’y peux rien : qu’allais dire ma famille, mes amis, tout mon entourage ? Allais-je passer pour un homme cougar (je ne sais pas s’il y a un terme pour les hommes) ? Pire, allais-je être le salaud qui casse 14 ans de vie commune et qui laisse son mec planté là pour partir sans réfléchir avec un ptit jeune ? Je demandais un délai de 24h pour la réponse. Mon mec me l’accordait. Il aurait très bien pu me foutre dehors mais il me l’accordait.
Hypothèse 1, je choisis mon mec. A partir de ce moment-là, ce ne sera plus comme avant entre nous deux. Je pense qu’il n’aura plus du tout confiance en moi et qu’il aura toujours dans le coin de la tête l’idée que je le trompe avec le 1er venu. Nous nous sommes éloignés, vous le savez, et cette nouvelle péripétie dans notre couple n’a pas arrangé les choses. Et pour le côté « pratique » (parce qu’il faut aussi y penser, désolé pour ceux que cela choquera) : pas de rupture de PACS, pas de déménagement, pas d’annonce à faire autour de nous, pas de nouvelle vie à construire etc. Bref, on continue comme si de rien n’était.
Hypothèse 2, je choisis mon ptit algérien. Ce sera un séisme total dans ma vie. Dans celle de mon mec. Et dans celle de mon entourage. Mais est-ce qu’en choisissant cette option je ne me laisse pas aveugler par mes pulsions ? Oui, je suis bien avec ce mec de 19 ans. Oui, il me pousse à me dépasser. Mais suis-je prêt à tirer un trait sur ma vie d’avant cette rencontre ? On en revient également au côté « pratique » avec le déménagement, les mauvais moments à passer lors du partage qu’il va falloir faire, la vie à construire avec mon ptit jeune. Suis-je prêt à revivre dans le silence et en cachette puisque lui, de son côté, n’a pas fait son coming out et vit chez son oncle qui est loin d’être compréhensif ? Sera-ce des entrevues entre lui et moi quand il pourra s’extirper de son donjon et venir me rejoindre ? D’ailleurs, me rejoindra-t-il ?
J’arrête là les hypothèses. La raison l’emporta sur les pulsions. En y réfléchissant bien, sans me mentir à moi-même, et parce qu’à cette période de ma vie, j’avais entamé des séances chez une psy-coach qui m’ont bien aidées, je choisis mon mec. Après avoir pleuré (était-ce de bonheur ou de tristesse ?), il me dit qu’il fallait que je « rompe » sur le champ d’avec mon ptit algérien. C’était évident qu’il fallait que je le fasse. Je me retrouvais ainsi confronté en peu de temps à un second épisode de ma vie où j’allais devoir me conduire en adulte, pour un mec de 35 ans, ça peut paraître étonnant. Il fallait donc que je prenne une nouvelle fois mon courage à 2 mains pour aller fendre le cœur de celui qui n’arrêtait pas de me dire que j’étais à présent tout pour lui et qu’il ne supporterait pas que je le quitte.
Rendez-vous fut pris à Châtelet, à quelques mètres du restaurant kebab où il avait pris ses habitudes. Ce qui devait arriver arriva, il fondit en larmes et je ne pus retenir les miennes non plus. Le seul mot qui sortait de sa bouche était « pourquoi ». Je lui expliquais qu’il n’était pas raisonnable de poursuivre cette relation, que la différence d’âge était trop importante et que nos 2 mondes étaient trop différents. Bien sûr, cela ne le réconforta en rien mais je fus le plus sincère possible. Après quelques minutes, et pour écourter ce moment difficile, je le serrais une dernière fois dans mes bras et le quittais avant que les dernières pensées raisonnables que j’avais à l’esprit ne s’évaporent. Je ne me retournais pas. Il ne fallait pas que je me retourne.
Dès que celui à qui j’avais brisé le cœur ne pouvait plus me voir, je téléphonais à mon mec pour lui annoncer que j’en avais à présent terminé. Et là vous vous dites, bon ben voilà, une histoire d’adultère de plus, un mec qui ne sait plus où il en est et qui cède à ses pulsions… Tout ça pour en arriver là ! Eh bien non. L’histoire ne s’arrête pas là. Car alors que j’avais tourné définitivement cette page « ptit jeune » au bout de quelques semaines, je connus une surprise de taille.
C’était au début du mois de décembre. Noël approchant, je m’étais organisé un voyage de 3 jours et 2 nuits en Allemagne. J’aime bien l’Allemagne à cette période de l’année. Les marchés de Noël n’ont rien à voir avec ceux que l’on connait en France. Et puis, on a beau dire, les allemands sont très chaleureux. Le respect (ce mot n’est pas galvaudé dans ce pays !), le civisme qu’ils ont les uns pour les autres est tout à fait remarquable. Je m’apprêtais donc à rentrer de ce voyage à Stuttgart, c’était la ville allemande que j’avais choisie pour cette année, je montais dans le train direction Paris et envoyait un SMS à mon mec. Celui-ci m’appela de suite pour me dire qu’il allait me dire quelque chose d’important quand j’allais rentrer ! J’étais à 4h de Paris et il m’annonçait qu’il devait me dire quelque chose d’important mais qu’il ne pouvait pas me le dire au téléphone ! Il n’y a pas pire comme situation pour me stresser alors que je devais encore attendre que le TGV avale les 500 kilomètres qui sépare les 2 villes… Mais je n’avais pas le choix, mon mec ne voulait rien me dire au téléphone. Vous sentez le retournement de situation arriver ? Moi je ne le voyais pas.
Alors me voilà dans le TGV à espérer qu’il puisse aller à plus de 300km/h pour arriver au plus vite à Paris ; mais non. Et comble de malchance, une biche a eu la bonne idée de traverser au passage de mon train, ce qui prolongea mon trajet d’une heure.
Arrivé à Paris, mon mec eu la gentillesse de venir me chercher en voiture. Et il m’annonça ce qu’il devait m’annoncer : depuis que j’avais pris ma décision de continuer avec lui et de laisser mon ptit algérien, mon mec avait voulu comprendre plus en profondeur pourquoi j’avais été attiré par ce mec. Et comme je vous l’avais déjà raconté, il connaissais son nom et l’avait contacté via Facebook. S’en est suivi une longue correspondance via Skype, avec peut-être des visioconférences mais ça, je ne sais pas. Mon mec décida de le rencontrer pendant que j’effectuais mon voyage en Allemagne. Et il tomba sous le charme de celui-ci. Mais pas sous le charme que moi j’avais ressenti. Il était touché par ce garçon. Il avait beaucoup échangé avec lui à l’écrit et avait voulu le rencontrer. Ils se sont vus au café pour boire un coup et ont fait aussi un peu de shopping ensemble. D’ailleurs, cette rencontre a eu lieu le jour même de mon retour sur Paris et mon ptit algérien était dans la voiture avec mon mec quand celui-ci m’avait appelé alors que je repartais de Stuttgart. Mon mec prononça alors cette phrase à laquelle je ne m’attendais pas : « j’ai envie d’essayer de bâtir quelque chose à 3. Est-ce que tu es partant ? ». Et c’est là que je répondis : « Ok, on peut essayer. On verra ce que ça donne. » Ce fut le jour où… nous avons commencé à former un trouple.