- C’est sûr que face à ça, je peux pas lutter.
C’est les larmes aux yeux et la voix chevrotante que celui qui a maintenant le statut d’ex (voir la rupture) m’a prononcé cette phrase en voyant la photo de celui qui est mon amant depuis quelques semaines. J’avoue que je m’attendais un tant soit peu à ce type de réaction. Et c’est normal devant l’ampleur de la nouvelle que je venais de lui annoncer. Voir quelqu’un pleurer, ça a toujours été -et c’est toujours- très difficile pour moi. Je n’ai jamais trop su comment réagir face aux larmes, qui plus est quand c’est mon mec qui se décompose devant moi. Le prendre dans mes bras ? Le réconforter avec des mots ? Faire comme si de rien n’était ? Pour cette fois-là, je me retrouvais sans voix, sans savoir quoi faire. Je venais tout de même de balancer une bombe atomique dans le monde de celui qui partage ma vie depuis 13 ans. Mais pourquoi avais-je fais ça ? Pourquoi lui avais-je fait cet aveu ?
Ceux qui ont lu mon précédent article le savent, j’avais rencontré quelques semaines plus tôt mon ptit jeune qui m’avait fait tourner la tête à tel point que je ne pensais plus qu’à lui matin, midi et soir. Et ce soir-là, il devait être 22h30 / 23h (on s’était couchés tôt), je me retournais encore et encore dans mon lit, en pensant à lui, poussant des soupirs réguliers d’énervement. Ces soupirs, je pense que c’était inconsciemment pour attirer l’attention de celui qui partageait mon lit. Ne pas arriver à dormir, ça avait prodigieusement le don de m’énerver et ça commençait à énerver aussi celui qui était allongé à côté de moi. Après de longues minutes d’hésitations, après avoir essayé de m’endormir plusieurs fois sans succès, je décidais de tout balancer sur mon coup de canif dans le contrat « conjugal ». Quel était le but de cette révélation ? Me sentir en paix avec moi-même en soulageant ma conscience et en cessant de mentir ? Ou créer de toute pièce l’élément déclencheur de la fin d’une relation amoureuse de presque 3 lustres ? Je crois que la réalité est un mélange des 2. Tromper son mec, ce n’est pas une fin en soi. Les pulsions, les envies, on y résiste ou on y succombe. Mais je continue de penser que, bien enfoui dans mon inconscient, je cherchais à mettre fin à notre relation en avouant l’inavouable : oui, j’ai trompé mon mec… Et pas qu’une fois en plus…
Quand il a réussi à contenir ses larmes, mon mec me dit qu’il s’en doutait. Qu’il voyait que je n’étais plus le même depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. J »ai toujours été un livre ouvert pour lui. Il a toujours su lire entre les lignes, voir quand je ne lui disais pas la vérité. Le pire, c’est que lorsque je pouvais tenter de le mener en bateau et qu’il ne s’en apercevait pas, il m’arrivait de parler en dormant… Mon esprit ne devait décidément pas supporter le poids du mensonge…
Alors oui, mon mec se doutait que je le trompais. Et il était temps pour lui de savoir pourquoi. Il me demanda de voir une photo de celui avec qui j’avais commis l’irréparable. Après avoir refusé, hésité, tergiversé, je me suis dit que, de toute façon, la chose avouée, cela ne pouvait pas être pire. Nous nous connectâmes donc à Facebook depuis notre ordinateur et je lui montrais le profil du ptit jeune qui me faisait tourner la tête. Nous consultâmes son profil public puisque bien évidemment il ne faisait pas partie de mes « ami » Facebook. Et lorsqu’il vit la photo, c’est à ce moment-là qu’il me dit la phrase qui commence ce billet : « c’est sûr que face à ça, je peux pas lutter ».
Il n’était pas question de lutter. Ce n’est pas un combat d’un homme contre un autre pour se départager face à un 3ème. Il est question d’attirance, de pulsions, d’être faible par rapport à nos bas instincts… ou pas ! En tout état de cause, mon mec me dit tout de go : « tu m’as déjà fait cocu et ça se reproduit en ce moment. J’avais passé l’éponge la 1ère fois mais là, je vais avoir du mal. Tu dégages ». Mon mec me mettait à la porte pour le reste de la nuit. J’essayais de négocier, de lui dire que je comprenais sa réaction et que j’allais dormir sur le canapé mais non, il voulait que je parte de la maison sinon il se sentait capable de porter atteinte à mon intégrité physique.
Comprenant que je n’arriverais pas à négocier, et comprenant surtout que dans pareil cas j’aurais fait de même, je rassemblais 2-3 affaires de toilettes, des vêtements de rechange pour le lendemain et je sortis non sans avoir auparavant réservé une chambre d’hôtel pas trop chère à quelques centaines de mètres de la maison. Sur le chemin, je me sentis revivre. Bizarrement, j’étais fier de moi. Fier d’avoir eu le courage d’avouer ma relation extra-conjugale et fier de me sentir enfin adulte et d’assumer les conséquences de mes actes. En marchant, je ne pus éviter d’envoyer un message à mon ptit jeune pour lui annoncer que j’avais tout dit à mon mec. Il fut très surpris et me demanda les détails de ce qui c’était passé après. Je fus le plus factuel et le plus objectif possible. Arrivant à l’hôtel, je lui donnais l’adresse et il me promit de me rejoindre au petit matin pour passer quelques heures avec moi dans la chambre. Et c’est ce qu’il fit.
Mon mec m’avait mis à la porte de chez moi et je profitais d’être à l’hôtel pour voir mon amant une fois de plus ! J’étais donc inguérissable.
Les quelques heures de plaisir à passer avec mon ptit jeune passèrent bien trop vite à mon goût et l’heure du check-out arrivait à grand pas. Un dernier câlin, un dernier rapprochement sous la douche et il était temps de libérer la chambre et de partir chacun de notre côté. Pour moi, il était temps de revoir mon mec et d’affronter son regard après cette nuit de révélation. Je rentrais donc chez moi en marchant le plus lentement du monde, moi qui d’habitude ai un pas plutôt rapide. Arrivé à la maison, mon mec était absent. Je reçus un SMS qui m’indiquait qu’il préférait passer la journée dehors et qu’il ne rentrerait que le soir. Je passais donc la journée la boule au ventre en pensant à ce que mon mec allait dire ou faire en rentrant le soir.
Le soir arriva. Mon mec rentra et il me dit de suite qu’il fallait que je choisisse : c’était lui ou mon amant. Je ne m’attendais pas à avoir encore la balle dans mon camp. Je pensais que mon mec allait me mettre dehors définitivement après ce que je venais de lui faire vivre. Mais non, il me laissait le choix. Ce fut le jour où… je dû faire un choix cornélien.