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…on a décidé de rompre

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- On devrait arrêter tu ne penses pas ?

– Oui, tu as raison, on devrait arrêter.

Deux petites phrases dites en quelques secondes et qui mettent fin à une histoire commune de presque 14 ans. Vous me direz, c’est le lot commun de milliers de couples tous les jours. Oui, c’est vrai. Mais ça n’enlève pas le côté cataclysmique que ces deux petites phrases vont engendrer dans la vie de mon ex (puisqu’il va falloir désormais l’appeler ainsi) et de la mienne.

J’ai 36 ans depuis peu, mon ex en a 35. Nous vivons ensemble dans une maison au sud de Paris, à quelque centaines de mètres du périph. Nous nous sommes rencontrés au début des années internet. Vous savez, ces années où les dinosaures régnaient sur la Terre ! Ça paraît tellement loin maintenant… Bref, je disais donc que nous nous sommes rencontrés au début des années internet au temps où, pour voir le visage de son interlocuteur, il n’existait pas de webcam ou quasiment pas. Il fallait télécharger la photo de quelques milliers de pixels que le mystérieux mec qui vous avait bien chauffé avait daigné vous envoyer . Ledit téléchargement prenait de longues minutes… Le mec allait-il nous plaire ?? Mais la rencontre, ce sera un autre billet de ce blog que j’espère nourrir fréquemment, sûrement par besoin de passer à autre chose comme on dit, mais aussi pour partager avec vous les situations que vous avez pu connaître. Car le thème du jour, c’est bien la séparation.

Oui, cela faisait donc longtemps que mon ex et moi nous étions rencontrés. Nous étions entrés dans cette vie de couple plan-plan où organiser une sortie nocturne relevait de l’exploit. Les envies et les disponibilités de chacun n’étaient que rarement concordantes. En parlant d’exploit, faire l’amour n’était également plus fréquent ; les factures de téléphonie mobile arrivant par La Poste plus régulièrement. Alors oui, notre couple vivotait depuis quelques années. Oui, on ne voulait pas voir la vérité en face. Car il faut avoir un certain courage pour dire « STOP, on arrête ». C’est tellement plus simple de se complaire dans le confort de la routine et des habitudes. Et puis, se séparer de la personne avec qui j’ai partagé  plus de 5000 matins, plus de 5000 nuits, cela me semble tout bonnement impensable. Vivre seul ! Je n’ai quasiment jamais connu ça. Tout au plus quelques mois entre mon départ du cocon familial et l’emménagement de mon copain qui s’est fait très rapidement après notre rencontre en juillet 2000. J’ai peur. Oui, j’ai peur de me retrouver seul. Et ça me fait d’autant plus peur les matins où je peux lire dans la presse ou entendre à la télé que le corps d’un petit vieux a été retrouvé momifié quelques années après sa mort sans que personne ne s’émeuve de ne plus avoir de nouvelles, si ce n’est le Trésor Public qui a envoyé un huissier pour nombreux impayés. J’ai peur d’être ce petit vieux dans quelques -longues je l’espère- années. Je dramatise ? Peut-être. Mais dans ce moment de rupture, les idées les plus saugrenues -et les plus terre à terre- me sont venues à l’esprit.

Il y a bien sûr la peur d’être seul, de devoir prendre entièrement sur ses épaules toutes les parties pas drôles du tout de la vie. Qui dit vivre seul dit se réveiller seul, déjeuner seul, préparer son repas seul, partir seul en vacances (ou avec des amis, mais je ne l’ai fait qu’une fois depuis ma naissance), faire les courses seul etc. Mais comment fait 1/3 de la population française ? Si 20 millions de Français y arrivent, je dois pouvoir en faire autant. Cela me permettra d’avancer, de ne plus me laisser vivre tranquillement en attendant que tout me tombe tout cuit dans le bec. Pour me donner un peu de courage, je me remémore les moments plus compliqués avec mon ex. Vous savez, ces petits trucs qu’il fait, qu’il dit et qui a le don de prodigieusement vous agacer. Il tousse trop fort ; à chaque fois j’avais l’impression qu’il allait cracher ses poumons. Il est bordélique ; chouette, je n’aurais plus à passer mon temps à ranger ses affaires. Il est de mauvaise foi ; ce que ça a pu m’énerver… Mais il est aussi attendrissant ; il me supportait, c’était déjà un bon point avec tout ce que je lui ai fait subir. Il est courageux et s’assume entièrement en tant qu’homo ; je suis en train d’y travailler mais j’ai encore du chemin à faire. Alors pourquoi le quitter ? Pour tous ces traits de caractère qui peuvent paraître anodins ?

Mais ce matin-là, c’était différent. On était tous les deux au bout du rouleau, on voulait que ça cesse. Chacun voyait bien que l’autre n’était plus heureux, qu’il n’avait plus depuis longtemps l’étincelle dans les yeux qu’il avait eu 14 ans plus tôt au début de notre relation. Alors on a pris notre courage à quatre mains et on a dit STOP.

C’était très tôt ce samedi matin-là. J’avais eu du mal à m’endormir suite à la enième dispute que nous avions eu avant de nous coucher. Je ne me souviens plus de quoi il en retournait mais ça devait être pour quelque chose que nous rabâchions tant et tant de fois. Il était donc sur le coup de 7h, mon ex était levé depuis un moment. Nous ne dormions plus ensembles depuis quelques jours. Certainement que nous devions déjà avoir acté dans nos têtes le fait que cette séparation était inéluctable. Il  dormait donc dans son bureau et m’a rejoint dans la chambre. Et on s’est dit les 2 phrases que vous avez pu lire au début de ce billet.

J’ai beaucoup pleuré. Mon ex aussi. On s’est pris dans les bras alors qu’on ne l’avait plus fait depuis des lustres. A ce moment-là, tout devient confus dans la tête. Je me suis reposé 30 fois la question de savoir si c’est vraiment ce que je désirais, si je ne faisais pas une énorme bêtise. Mais en y repensant mainte et mainte fois, je me suis dit que oui, ça allait être dur mais qu’on ne pouvait plus continuer à vivre comme ça. Depuis des semaines, des mois voire des années, le moindre petit grain de sable dans notre vie quotidienne était de nature à créer une dispute. Tu as mal rangé les conserves dans le placard, tu as oublié d’éteindre la lumière, non, je ne veux pas de parquet dans la cuisine, tu m’énerves à être toujours pendu à ton téléphone pour le boulot… Bref, on ne se supportait plus.

Mais on se connaît trop. On sait ce que l’autre aime, ce qu’il déteste. On sait à quoi il pense, on devine ce qu’il va faire devant une situation donnée. De penser qu’on n’allait plus se revoir nous paraissait impossible. Nous avons décidé que ce serait lui qui déménagerait. Je garde donc la maison que nous avions achetée en commun.  Le début des tracasseries administratives pouvait commencer. Aller chez le notaire pour officialiser le nouveau partage de la maison et passer à la banque pour refaire un prêt sur 20 ans de mon côté, faire le tour des agences immobilières et se trouver un nouveau chez lui pour mon ex. Tout ça signifie que nous allons devoir cohabiter ensemble pensant quelques semaines alors que nous serons séparés. Comment allons-nous le vivre ? Dans tous les cas, on a convenu d’agir en bonne intelligence et on s’est promis de rester amis. Mais est-ce que cela sera possible ? Est-ce que je supporterai de voir mon ex sortir sans moi, organiser sa vie sans moi et même, est-ce que je supporterai de le voir dans les bras d’un autre mec qu’il aime ?

Pour l’instant, je connais déjà la réponse : c’est non. Et j’en suis sûr car c’est déjà le cas ; mon ex est avec un autre mec… Et je les vois de temps en temps se serrer dans les bras l’un de l’autre même si je leur ai demandé d’être discrets. Mais c’est une autre histoire et ne tirez pas de conclusions hâtives. Tout a commencé le jour où… j’ai cédé aux avances d’un p’tit jeune.


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